samedi 26 février 2011

Actualités



Sesshin (*) au Temple Zen de la Gendronnière
les 11, 12 et 13 mars 2011
dirigée par Hosetsu Laure Scemama,
Temple Zen de la Gendronnière
Commune de Valaire
41120 Les Montils
Tél. : 02.54.44.04.86



Conférence « La paix dans un monde en crise »
Jeudi 14 avril 2011, 20 heures à Limoges
par Taiun Jean-Pierre Faure, maître zen, abbé du monastère bouddhiste zen de Kanshoji
Renseignements : 05.55.32.81.05
ou dojozen.limoges@free.fr


Sesshin de Pâques au monastère zen de Kanshoji
les 23, 24 et 25 avril 2011
dirigée par Taiun Jean-Pierre Faure, abbé du monastère
E-mail: kanshoji@wanadoo.fr
Monastère Zen de Kanshoji
24450 La Coquille
Tél : 05.53.52.06.35

(*) retraite

jeudi 24 février 2011

Zen et exaltation

Le zen n'est pas une sorte d'exaltation, c'est la concentration sur notre routine quotidienne et ordinaire.
Si vous devenez trop affairé, trop exalté, ce n'est pas bon. De jour en jour, d'année en année, nous devenons généralement de plus en plus affairés, surtout dans notre monde moderne. Si longtemps après, nous revenons dans des lieux familiers du passé, nous sommes étonnés du changement. C'est inévitable. Cependant, si votre esprit est calme et constant, vous resterez hors du monde bruyant même en y étant plongé. Plongé dans le bruit et le changement, votre esprit sera stable et tranquille.

Certains commencent à pratiquer le zen par simple curiosité et ne parviennent qu'à s'affairer davantage. Si vous essayez de faire zazen une fois par semaine, cela vous occupera assez. Ne vous intéressez pas trop au zen. Persévérez simplement dans votre pratique ordinaire, calme, et votre caractère se formera.

Former un caractère, c'est comme faire du pain :
il faut mélanger peu à peu, chaque dose en son temps, à température modérée. Vous vous connaissez assez bien vous-même et vous savez quelle température vous est nécessaire. Vous savez exactement ce qu'il vous faut. Mais si vous vous exaltez trop, vous oublierez quelle est pour vous la bonne température et vous perdrez votre voie. C'est très dangereux.

Notre pratique dénuée d'exaltation peut sembler très négative, il n'en est rien. C'est une manière sage et efficace de travailler sur nous-mêmes.

Esprit zen, esprit neuf de Shunryu Suzuki

jeudi 17 février 2011

Zazen

Le zen est à la fois très facile et très difficile. Très facile parce qu’il s’agit de l’expérience la plus simple, « seulement s’assoir », sans rien y ajouter, et qu’ainsi on réalise directement la plus haute dimension de l’être humain, la « religion d’avant la religion ». Très difficile parce que nous sommes compliqués, que nous sommes attachés à nos désirs, nos illusions, nos complications, que l’on n’aime pas abandonner notre ego…

En fait, quand on commence la pratique, nos motivations sont souvent multiples. En partie nous sommes animés par des questions essentielles mais nous sommes aussi  à la recherche d’un mieux pour notre ego. Ce peut être de résoudre des problèmes psychologiques, de se relaxer, d’acquérir plus de concentration, plus d’énergie, plus de calme, etc. Parfois on arriva aussi à la pratique par hasard, ou par curiosité. Si on continue la pratique, ce surplus tombe de lui-même…Il reste seulement la pratique, la posture de zazen, la posture d’éveil, dont chaque pratiquant ressent profondément l’authenticité dès le début.

Ce zazen, cette pratique de la posture transforme profondément notre vie. Il y a des bienfaits rapidement et clairement perceptibles et des changements plus profonds. Notre vie trouve un centre. Zazen, l’éveil devient le guide qui nous tire, mais qui également nous bouscule.

Zazen, nous bouscule d’abord physiquement. Au début de la pratique, la posture est presque toujours douloureuse, et même si  ces douleurs s’estompent progressivement, conserver une posture exacte demande toujours un effort. Nous devons donc apprendre à patienter, à supporter les difficultés physiques, à faire des efforts…

Zazen bouscule aussi nos croyances, il fait tomber nos illusions. Selon les individus cela ce réalise différemment.  Certains sont très attachés à leurs concepts, à leurs illusions. Ils aiment leurs propres problèmes, ils ont peur de perdre quelque chose en abandonnant ce a quoi ils s’agrippent…. (pourtant)  zazen ne propose pas de remplacer nos illusions personnelles pas d’autres illusions. C’est peut-être ce qui est le plus difficile. Nous sommes toujours à la recherche d’une nouvelle croyance, d’un nouvel objet extérieur que l’on pourrait saisir. Alors nous voulons ajouter quelque chose à zazen, nous aimerions que le zen soit bien défini afin d’y trouver un cadre et des règles bien  précises. En fait il y a de telles règles pour la pratique, par exemple, dans un temple, dans un dojo…d’ailleurs ces règles provoquent parfois des rejets, certains les trouvent trop strictes. Mais le zen ne propose pas d’interdictions, de règles précises de vie. Il y règne une atmosphère de grande liberté qui nait naturellement de la rigueur de la pratique. Cela est quelquefois déroutant pour ceux qui ont des idées préconçues sur ce que devrait être le zen. …

Si on laisse l’éveil se produire de lui-même, alors tout devient plus facile. Bien sûr, on ne résout pas tous les problèmes de sa vie comme par enchantement. Mais notre vie quotidienne change, notre présence, notre concentration dans chaque action, ici et maintenant, nos rapports aux autres, aux événements, à nos propres émotions se modifient en profondeur. En trouvant un centre, peu à peu nous découvrons la réalité telle qu’elle est et non plus au travers nos attachements, de notre conscience discriminante. Notre vie s’organise différemment. On dit que « zazen, c’est retrouver sa véritable demeure ».




Pierre Dokan Crépon : Pratiquer le zen. Ed Pocket 1996.

samedi 12 février 2011

Les rituels et cérémonies

Nb: Cet article est une reprise intégrale de l'article de Taiun Jean-Pierre Faure sur le site de l'AZI: http://www.zen-azi.org/node/2

Les êtres humains, mais aussi les animaux ont recours aux rites pour mener leur vie. Il suffit de regarder la vie d’une fourmilière ou d’une ruche pour s’en persuader.
Les rites existaient au tout début de l'humanité, avant même que l'on puisse parler de religion. D’autres rites apparaîtront plus tard en tant qu’expression du sentiment religieux.
Dans les religions monothéistes, les rites s’adressent à Dieu. Bouddha n’est pas un dieu ; c’est le fondement de notre être, notre nature de Bouddha, qui est essentiel. Les rites visent alors à la réalisation de la non séparation entre le moi et toutes les existences.
Tout comme l’art, les rites nous permettent d’exprimer ensemble de façon visible et tangible une vérité perçue intuitivement et partagée par tous.

Les maîtres zen préconisent, outre la pratique de zazen et l'étude des enseignements, d'amener du rituel dans nos vies, lors de cérémonies d’offrande et de récitation des sutras mais aussi dans les activités profanes.
Ils nous demandent de faire les choses comme elles doivent être faites, sans rien en attendre pour soi et cependant… de les faire de tout son cœur.
De tout son cœur signifie que chaque situation est vécue l’esprit totalement absorbé dans ce qu’on fait. Notre présence au monde se traduit par notre attention aux formes, à toutes les formes qui nous échoient au cours de notre vie. Evacuer l’attention aux formes revient à évacuer la vie authentique, celle de Bouddha.
Dans les monastères zen, les activités profanes, telles que se nourrir, s’habiller ou prendre le bain, sont ritualisées. L’observance du rite au travers de formes transmises, par l’attention qu’il requiert favorise la liberté de l’esprit et permet de s’ouvrir à d'autres valeurs.
Ainsi le rituel des oryoki (bols laqués avec lesquels sont pris les repas) nous fait vivre l'interdépendance entre celui qui donne et celui qui reçoit. On comprend profondément, au-delà des mots, que la vie nous est donnée à chaque instant par le soleil, la terre, les rivières, les forêts, les champs, les animaux, les hommes…
Autre exemple, la grande concentration avec laquelle on coud le kesa en suivant la méthode traditionnelle transmise transforme un tissu ordinaire en vêtement d’éveil. Précédé de la récitation d’un sutra, l’acte de se laver prend une toute autre dimension ; cet acte anodin, en fait, lave aussi notre esprit…

La transformation de notre esprit ordinaire en esprit de Bouddha se fait par notre pratique quotidienne ritualisée. Le rite, qu’il soit profane ou sacré, dans son essence nous ramène à la vie de Bouddha, à l'unité avec le monde qui nous entoure.

Taiun Jean-Pierre Faure.

jeudi 3 février 2011

Agrandir son regard

Un problème sera résolu selon la conscience que l'on en a. Regardez un paysage à travers un tube, vous n'en apercevrez qu'une infime partie mais vous croyez que ce que vous voyez constitue l'ensemble du paysage. Si vous prenez un tube de diamètre un peu plus gros, vous découvrirez de nouvelles parties du paysage que vous assimileriez de nouveau à la totalité. Quand vous aurez un tube encore plus gros, vous découvrirez de nouveaux éléments du décor et ainsi de suite.

Un problème personnel apparaît selon le diamètre de notre tube intérieur, c'est-à-dire de notre conscience du moment. A un moment ou à un autre, nous découvrirons de nouveaux aspects car notre conscience aura changé.
Cette expansion de conscience est un processus naturel et vivant qui se déroule à notre insu. On retrouve parfois, après plusieurs années, des problèmes que l'on croyait dépassés et cela s'accompagne souvent d'un sentiment de retour en arrière, de régression et de découragement. On est en butte aux mêmes difficultés mais après avoir effectué un cycle sur la spirale, on est confronté à des nuances plus subtiles. Le fait de retrouver les mêmes problèmes n'est pas une preuve de régression mais bien au contraire, le signe tangible que l'on a changé. Et le nouvel aspect découvert à ce problème ne sera pas résolu selon les conceptions du passé mais selon un point de vue différent.